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Locomotion

L’éducation ou la rééducation en locomotion a pour but de permettre à toute personne ayant un déficit visuel d’acquérir les moyens de se déplacer en toute sécurité et d’évoluer dans son environnement physique de façon autonome.

La prise en charge est assurée par des personnes toutes titulaires du diplôme national du Certificat d’Aptitude à l’Education et à la Rééducation de la Locomotion auprès des Personnes Déficientes Visuelles.

Une personne « autonome » dans ses déplacements est capable

  • de prendre conscience de son environnement grâce à tout son potentiel perceptif,
  • de se déplacer en toute sécurité pour elle et pour les autres (obstacles, dénivellations, espaces piétonniers, traversées),
  • de gérer ses déplacements depuis la recherche des renseignements nécessaires jusqu’à la réalisation effective,
  • de gérer tout déplacement dans un quartier, dans les transports en commun, en lieux connus ou nouveaux,
  • d’évaluer si elle a ou non besoin d’aide,
  • de communiquer pour demander ou refuser une aide,
  • d’être active même en situation d’aide.

 

Les techniques

Pour accéder à cette autonomie, des techniques spécifiques nécessitent un apprentissage rigoureux : 

  • utilisation du potentiel sensoriel pour une meilleure compréhension et maîtrise de l'espace intérieur ou extérieur,
  • technique de guide
  • sécurité par rapport aux obstacles et aux dénivellations : technique de protection, technique de canne (la canne n'est  pas une nécessité systématique pour tous les déficients visuels)
  • orientation, représentation mentale, 
  • techniques de traversée, 
  • utilisation des transports en commun,
  • utilisation d'aides optiques, de verres teintés,
  • demandes d'aide.

Ces apprentissages nécessitent évidemment des pré-requis psychomoteurs, intellectuels et psychoaffectifs. 

Avec le malvoyant, notre rôle est de développer au maximum la vision fonctionnelle et d'en apprécier les limites qui nécessitent la mise en place de moyens de compensation (techniques précédemment citées).  

Le travail visuel en locomotion est varié : 

  • travail à l'extérieur par différentes luminosités,
  • travail en déplacement (Sujet et cible visuelle peuvent se déplacer), observation sur de grandes distances,
  • reconnaissance de formes (logos, sigles, signalisation, enseignes, ...),
  • utilisation d'aides optiques (monoculaire, verres teintés). 

Il est également important de lui faire prendre conscience de la fluctuation de ses possibilités en fonction de différents paramètres : luminosités, fatigue, encombrement des lieux, etc. Ceci lui permet de gérer les incompréhensions de l'entourage et des personnes de la rue auprès de qui il devra, à certains moments, se renseigner. 

Ce travail ne peut que renforcer la rééducation de la vision fonctionnelle faite en salle par l'orthoptiste car les apports sont complémentaires. En locomotion, l'exercice est motivant car proche de la réalité avec un but défini, et souvent valorisant. 

Grâce à ces techniques et à une grande rigueur quant à leur application, des déplacements crus jusqu'ici impossibles deviennent réalisables (seule cette rigueur permet la sécurité). Comprendre que la technique est fiable permet de retrouver confiance en soi, confiance en ses propres valeurs, en son propre potentiel.

La découverte de sa propre richesse sensorielle permet la compréhension du monde extérieur : l'extérieur devient alors autre chose que des mots, il devient réel, le sujet y devient acteur. Il n'est plus dans la situation passive où il subit, il peut anticiper, s'adapter prendre des initiatives. 

La locomotion nécessite de s'engager physiquement. Cette dimension du vécu est sans nul doute la plus importante, et explique les difficultés que le sujet peut rencontrer dans un tel travail : l'implication corporelle est plus difficile qu'une simple implication verbale car oser s'engager sur un trottoir plein d'embûche, oser s'engager dans une traversée, dans une gare, etc., nécessitent une mise à contribution de tout son être tant sur le plan physique que sur le plan affectif.

Cet engagement corporel nécessite une objectivité quant à ses possibilités et ses limites et demande au sujet non seulement de se donner à voir, mais également d'affronter les peurs projetées par les personnes voyantes et plus particulièrement par l'entourage familial. 

Plus qu'un ensemble de techniques, la locomotion devient alors un accompagnement où l'Instructeur de Locomotion, très proche dans un premier temps, doit peu à peu prendre de la distance, afin d'encourager l'ouverture sur l'extérieur, avec toute la dimension de socialisation que cela implique.

La rééducation en locomotion est en effet indispensable pour une totale réadaptation de la personne dans sa vie sociale. Ne plus sortir, c'est s'isoler du monde. Vivre en société, c'est pouvoir aller à son travail, pouvoir faire ses courses, aller retrouver ses amis, prendre les transports en commun à des fins professionnelles, familiales ou de loisirs.

Les prises en charge

Chaque jeune de l'Institut est reçu en entretien suivi d'un bilan. Cela permet d'établir quel type de prise en charge, quel plan de progression il convient de mettre en place.

Prise en charge complète

Il peut s'agir d'une prise en charge complète. Dans ce cas le jeune bénéficie de séances régulières (1 à 2 séances hebdomadaires). La progression est individualisée. Elle est construite à partir du potentiel du jeune et a pour but de dépasser ses limites actuelles, de mieux utiliser et de développer ses richesses

Ces progressions peuvent être longues pour franchir les différentes étapes d'autonomie. Plusieurs années sont parfois nécessaires à certaines prises de conscience, acquisition de techniques, maturation et renforcement de la personnalité. Ce temps nécessaire au cheminement vers l'autonomie reste propre à chacun, et ne peut se mesurer en nombre de séances.

Ce cursus peut comporter des pauses (plusieurs mois, un an), qui ont un effet structurant. Elles permettent au jeune d'intégrer ses acquis dans une pratique quotidienne, d'acquérir expérience et confiance en lui. Elles sont aussi l'occasion de transposer ses connaissances et savoir-faire dans d'autres lieux.

Prise en charge spécifique

Il peut s'agir d'une prise en charge répondant à un ou quelques besoins précis :

  • les déplacements de nuit
  • les transports en commun,
  • l'utilisation d'une aide optique,
  • les déplacements au soleil (problèmes d'éblouissement, essais de filtres),
  • les lieux vastes et complexes (places, grands carrefours...)
  •  l'assurance, la confiance en soi,
  • la capacité à découvrir un nouveau quartier lorsque toutes les techniques sont en place,
  • l'apprentissage ponctuel d'une des techniques.

 

Il est possible d'apporter ce type de réponse ciblée lorsque la personne a déjà acquis une bonne autonomie, qu'elle sait assurer sa sécurité, qu'elle a déjà une bonne conscience d'elle-même et de ce qui l'entoure et que les stratégies mises en place sont efficaces et adaptées.