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Entre passé et présent : de la découverte de la paléo-anthropologie à l’exposition Catharsis de Prune Nourry

 

  1. 1.       Rencontre avec une archéo-anthropologue : Valérie Delattre (Inrap, Institut de Recherches Archéologiques Préventives)

                                                                                    

sceaux du médecin Proclianus            Élèves de 1ère de l'INJA explorant tactilement l'Ex-Voto d'une jambe              

crédit photos : Aude Thomas, Inja

 Ex-voto

 

Le 7 octobre dernier, l’INJA et les élèves de première ont eu la chance de pouvoir accueillir Mme Valérie Delattre, spécialiste des pratiques funéraires de la Préhistoire au Moyen-âge. Très investie dans le domaine du handicap, elle est l’auteure de l’ouvrage « Handicap : quand l’archéologie nous éclaire ».

 

Durant son intervention, elle a présenté son métier, sa spécialisation et a apporté des moulages d’Ex-voto pour rendre l’expérience plus tactile. Le fil rouge de cette conférence étant de prendre appui sur le passé, afin d’inspirer le présent.

 

La découverte de l’archéologie préventive a amené les élèves à se poser de nombreuses questions et a ouvert un débat animé sur le pourquoi des fouilles, le respect des objets, l’éthique professionnelle et personnelle des chercheurs quant à l’exhumation de squelettes humains.

 

Valérie Delattre entraîna la réflexion autour du lien entre l’archéologie et l’histoire de l’humanité, ainsi que celle du handicap. Elle a amené les élèves à se demander ce que peut bien révéler un squelette humain trouvé sur un site. Sur ce que ce type de découverte peut apporter dans la recherche de la vérité, la reconstruction de l’histoire de ces personnes : leur état de santé, maladies, blessures, amputations, étaient-ils de riches commerçants ou des serviteurs vivant dans la pauvreté et brisés par leur travail ? Tout en sachant qu’il est impossible de déterminer certains détails : état des organes, couleur de la peau… D’où le recoupement obligatoire avec d’autres pratiques scientifiques.

 

Selon la chercheuse, la façon qu’avaient nos ancêtres de prendre soin des personnes handicapées permettrait de mieux connaitre le fonctionnement des sociétés d’antan. Comment s’occupaient-ils des plus vulnérables, des personnes « différentes », quelle était leur place dans la communauté ?

 

Si elles sont issues de malformités ou de maladies, des handicaps, comme la déficience visuelle ou la surdité, ne laissent pratiquement aucune trace sur le squelette. Certaines tribus estimaient que les personnes handicapées pouvaient être utiles au groupe, elles devenaient souvent Chamanes et établissaient le lien entre le monde des vivants et celui des morts. On les aidait à s’intégrer et à vivre le plus normalement possible. Dans l’antiquité, les médecins gallo-romains, tel que Proclianus, opéraient déjà la cataracte. Chez les sourds, le langage des signes a été mis en place très tôt, par les moines cisterciens.

 

Médecine et culte étaient des notions étroitement liées. Ainsi, pour guérir de leurs souffrances, les personnes déposaient des offrandes dans des temples, à destination des divinités. On offrait, par exemple, une jambe sculptée pour guérir d’un mal spécifique à cette partie du corps. Ces pratiques sont nommées « Ex-voto ».

 

Dans sa démarche créative, en lien avec sa propre histoire personnelle et son combat contre le cancer du sein, l’artiste contemporaine Prune Nourry a fait appel à l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) pour comprendre comment les gens exprimaient leur souffrance par le passé. De leur collaboration est née une création artistique par l'approche anthropologique et archéologique sur les thèmes de la maladie et la réparation du corps. À ce stade, ce concept est encore abstrait pour les élèves.

 

Jusqu’au 19 octobre 2019, l’exposition Catharsis investit l’espace de la Galerie Templon autour de l’ex-voto. L’artiste Prune Nourry et l’archéologue Valérie Delattre (Inrap) reviennent sur ces offrandes religieuses qui, des temps les plus anciens jusqu’à aujourd’hui, cristallisent les espoirs ou les remerciements de guérison des hommes et des femmes confrontés à l’infertilité et à la maladie. (Lire l’article fait par l’Inrap à ce sujet)

 

 

  1. 2.       Visite de l’exposition Catharsis

 

In Vitro, Exposition Prune Nourry à la Galerie Templon, Paris                 

           

   crédit photos : Aude Thomas, Inja

 

                                                  Amazone Érogène, Exposition Prune Nourry à la Galerie Templon, Paris

 

Un projet scolaire en lien avec l'exposition Catharsis est mené avec une classe de 4e du collège Montgolfier (Paris 3e) et la classe de 1ère de l'Institut national des jeunes aveugles (Inja, Paris 7e). Il permet aux élèves de découvrir l'univers de Prune Nourry et d'une galerie d'art, au travers d'une réflexion sur l'archéologie.

 

À cette occasion, les élèves furent accompagnés par une guide de la galerie, ainsi que par Valérie Delattre et Laure Ferry, de l’Inrap. Pour une meilleure appréhension des œuvres, le service de transcription de l’INJA (DTEA) avait préalablement réalisé des DER (dessins en relief) d’une partie des sculptures présentées durant la visite.

 

Tous se sont sentis très privilégiés en ayant la possibilité de toucher, entre autres, l'édition bronze de Milagros : La femme miracle, représentant diverses parties du corps féminin. L’exploration tactile par les élèves de l’INJA s’est révélée pleine d’enseignements car il n’est pas évident de reconnaître telle ou telle partie du corps quand elle est détachée du reste. Mais la qualité des détails de l’œuvre ainsi que le guidage des intervenants a permis une meilleure compréhension.

 

Nous découvrons des œuvres plus merveilleuses les unes que les autres : Amazone Erogène, In Vitro, la femme de bronze et d’encens, Self-defense, l’organe miracle, River woman, Prothèse de l’âme, et enfin, Fertility.

 

Les élèves furent remarquables de curiosité, posant des questions fines et pertinentes. L’une d’elles fut de savoir si l’artiste avait envisagé de faire le rapprochement entre son travail sur le corps et les actes perpétrés sur les femmes dans le monde, comme en Afrique avec l’excision.

 

Prune Nourry vit actuellement à New-York, lors d’une prochaine venue sur Paris courant 2020, une rencontre physique sera organisée, en collaboration avec l’Inrap, pour que les élèves puissent poser leurs questions et échanger directement avec l’artiste.

 

La richesse de cette découverte culturelle, accompagnée de la qualité des informations scientifiques apportées, ont brossé un tableau original et complet du travail collaboratif de ces professionnelles de milieux et spécialités bien différentes.

 

Élèves de 1ère de l'INJA explorant une oeuvre   Dessin en relief (DER) de l'exposition   La femme miracle, exposition Prune Nourry à la Galerie Templon, Paris   

 crédit photos : Myr Muratet, Inrap

 

L’ouvrage Catharsis co-édité par la Galerie Templon et Prune Nourry, présente à travers plus de 20 photographies pleine page l’ensemble des œuvres de la série Catharsis, exposées en septembre 2019 à la Galerie Templon.

 

Pour l'Inrap, Théresia Duvernay, directrice du développement culturel et de la communication, et Valérie Delattre, archéo-anthropologue, signent un des textes introductifs du catalogue.

 

 

Edition bilingue français-anglais, 64 pages, 25€.                                               

Disponible à la galerie Templon ou sur info@prunenourry.com  

Catégorie : Actu "INJA"